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Mistral au Festival !
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Mistral au Festival !
12 juillet 2009

Photo-romance (1)

Photo Romance, de Lina Saneh & Rabih Mroué.

Festival d’Avignon, Salle Benoît -XII. Vendredi 10 Juillet 2009.

   Le dispositif est surprenant Un écran suspendu au milieu de la scène. Dessous, un musicien équipé d’une guitare Fender Stratocaster, de pédales « woua woua », d’un enregistreur, d’un gros emplis et d‘ustensile étrange et non identifié . À droite, deux fauteuils autour d’une table. À gauche, une petite table haute sur laquelle est posée un Mac portable. Sur l’écran il est précisé que « toute ressemblance avec des personne existantes ou ayant existé est fortuite ».

   Le musicien est déjà en place lorsque Lina et Rabih entre en scène. Lina est venue voir Rabih pour qu’il donne son avis de censeur sur la pièce qu’elle est en train de monter et également pour qu’il en juge l’originalité. Nous sommes au Liban, les quelques mots échangés en arabe au tout début nous le confirment.

Lina veut adapter Une journée ordinaire d’Ettore Scola. Lui sera un homme solitaire, de gauche, ex communiste, rejeté de tous car refusant de choisir son camp dans ce pays qui se déchire. Elle est divorcée, marié à un homme qui l’empêchait d’être libre elle a décidé un jour de fuir et de retourner auprès de sa famille. Le jour de leur rencontre, le Liban se réunit dans une grande manifestation, deux grandes manifestation en fait qui rassemblera et opposera les deux grandes majorité au Liban, tous deux refusent d‘y participer. Lina soulève l’impossibilité de réunir ce peuple composé de tant de peuples et de communautés.

   Lina veut capter les individus hors du discourt communautaire et c’est la raison pour laquelle sa caméra (ou plutôt son appareil photo) rends invisible les groupes, qu’elle ne peut capturer que les individus. L’individu n’a de valeur que seul puisque ce n’est que lorsqu’il est seul qu’il peut réfléchir par lui-même, se questionner et voir le monde d’une autre manière.

Lui habite dans l’immeuble en face d’Elle. Elle va venir à sa rencontre parce que le chat qu’elle gardait en cage c’est échappé chez lui. Elle va rencontrer cet autre qu’elle ne connaît pas et se surprendre à l’apprécier. C’est ensuite lui qui viendra chez Elle plus tard, et en regardant par la fenêtre il exprimera l’étrangeté qu’il y a à se regarder depuis « l’autre côté ». C’est justement cette volonté voir l’autre différemment qui leur donne le rang d’individus pensant et qui leur permet d’apparaître.

   Mais très vite on comprend que ce n’est pas tant l’intrigue de la pièce qui est importante que la question de l’adaptation, et de l’éclatement de l’oeuvre cinématographique. L’image devient un photo roman muet, Lina fait tous les dialogues et joue donc tous les personnages, le musicien joue la bande son en utilisant son instrument de manière surprenante parfois en décalage avec le propos. Le cinéma est disséqué et chaque partie de ce que l’on saisit lors du visionnage d’un film, est exposée là, devant nous et c’est au spectateur de synchroniser le tout, de jouer le rôle de monteur. Le projet n’est pas encore terminé ce n’est donc que de fragments qui nous sont donnés et ce de manière anachronique, ainsi la scène finale est révélée dès le premier quart d’heure. Tout au long de la projection, Lina se livre à une explication de texte, justifiant tel ou tel choix.

   Lorsque la pièce (mais est-ce une pièce ?) se termine, le générique défile sur l’écran. Étonnamment le publique applaudit, moi, j’attends que commence la pièce. La pièce ne commencera pas, les comédiens ne reviendront pas saluer. Mais est-ce vraiment des comédiens ? Le réalisme des dialogues, de la diction (aidé par le fait que les comédiens soient sonorisés), veut donner l’impression que nous ne sommes pas au théâtre et que ce n’est pas une pièce que nous venons de voir mais un documentaire sur la genèse d’une pièce. C’est, semble t-il, le but : pourquoi monter telle ou telle pièce, comment le faire, comment rendre originale une adaptation ? Ce sont les questions posées.


   Cependant je reste perplexe, je ne comprends pas entièrement
la nécessité d’inscrire ce questionnement dans une œuvre théâtrale, dans ce format qui, même si il permet de questionner de manière original le théâtre, de mettre en abîme la discipline, restreint tout de même le propos. Un peu frustré aussi de ne pas avoir vu ce que je m‘attendais à voir : une pièce sur le Liban aujourd’hui. Car même si le sujet est abordé, qu’à travers le projet de Lina, il est montré, ce qu’on retient c’est tout ce qui est autour de cette histoire et puis l’histoire semble trop saccadée pour garder toute la force du récit. Un peu déçue de n’avoir vu (et sûrement compris) que la moitié des choses. Surprise et déstabilisée par la forme, le propos. Perplexe devant l’œuvre hybride qui s’est présenté devant moi. J’étais au théâtre sans y être, au cinéma sans le savoir, devant la télé sans le comprendre. Hors d’un cadre définit et normalisé, hors des codes du genre. Un peu perdue je crois. Mise face à mon incapacité de raisonner de manière cohérente hors d’un cadre établit. Face aussi au conditionnement de ma pensée . Étrange impression qui m’a envahit.


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